Caravansérail — Centre d'artistes

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Dé/cloisonner

15.07.2021 — 15.08.2021

© Jean-Marie Benoit, Qui va là?, huile sur toile, 2021, 61 cm x 50,5 cm x 4 cm
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Une exposition des

membres de Caravansérail

Jean-Marie BENOIT, Josée DESJARDINS, Élise DUBÉ, Guillaume DUFOUR MORIN, Isabelle FALARDEAU, Karine LOCATELLI, Geneviève MAROIS-LEFEBVRE, Marie-Sophie PICARD, Olivier ROBERGE, Bruno SANTERRE et Léonie THERRIEN-TREMBLAY

Un commissariat de Geneviève Thibault et Emmanuel Guy

 

Vernissage le jeudi le 15 juillet

17h30 / 18h30 / 19h30 
Réservation requise par courriel ou par téléphone au 418 722-0846.

 

Les cloisons nous semblent intrinsèquement paradoxales. Spontanément, décloisonner apparaît comme une action nécessaire à tout progrès. Il faut faire tomber les catégories trop rigides, depuis trop longtemps, pour libérer la force du changement. Néanmoins, les cloisons nous protègent, on s’y réfère pour définir le monde et créer du sens. Face à l’incertitude, plusieurs exigent de les consolider. La dernière année nous a offert de multiples occasions de questionner les frontières et les limites de toutes sortes. Les directives imposées changeant du jour au lendemain exposent les différences subtiles – voire ténues – qui nous permettent de classer les idées et les choses dans une catégorie ou dans une autre. Nous concevons ainsi le dé/cloisonnement comme un système cyclique.

En répondant à l’invitation de Caravansérail de commissarier une exposition collective, nous avons d’abord souhaité ouvrir un espace de création et d’échange dans un contexte particulier de confinement, de déconfinement et de reconfinement partiel. La nuance a son importance : pour nous, artistes, il ne s’agissait pas tant d’assembler une réflexion sur une thématique sociale ou artistique particulière, mais d’offrir l’opportunité aux membres du Centre de partager leur processus créatif.

La diversité des œuvres proposées reflète la nature polysémique de la thématique, nous posant d’emblée des défis quant à la conceptualisation de l’exposition et la juxtaposition des œuvres. Notre sélection résulte de nombreux allers-retours entre le réflexif et le sensible, entre un souci de représentation des techniques ou des approches et la construction d’un discours plus personnel. Dès cette étape, des dialogues s’amorcent entre les œuvres : nous y découvrons autant de points communs que de différences affirmées. Nous constatons que de nombreux artistes revisitent leur pratique durant le confinement, suggérant l’idée que le cloisonnement du corps dans l’habité amène le décloisonnement de l’habitacle corporel et l’expression de nouvelles voix.

La moitié des 11 artistes de l’exposition pratiquent au Bas-Saint-Laurent, tandis que les autres participants habitent entre Gaspé et Montréal, reflétant la provenance des membres de Caravansérail tout en augmentant l’effet du rayonnement dans un contexte où les déplacements interrégionaux ne sont pas recommandés, parfois même interdits. Avec le recul, nous reconnaissons, parmi les œuvres sélectionnées, plusieurs des thèmes phares de nos pratiques artistiques respectives, comme le passage de l’espace public vers l’espace privé dans l’habité ou encore les processus de transformation et l’omniprésence du bois.

La mise en espace retenue suggère une trajectoire allant de l’extérieur vers l’intérieur, une progression du paysage naturel vers le territoire intime. Le corps est amené à traverser ces différents lieux tous investis par un questionnement ontologique, identitaire, politique ou sociétal. Chacune des œuvres souligne de manière très personnelle tantôt l’élan ou le repli, tantôt la brèche ou l’opacité. S’il se laisse porter par le courant suggéré, le corps est balloté par le ressac, entraîné par des mouvements successifs de forces opposées. Le parcours n’est pas balisé. Il n’y a pas de cartels ou d’autres indications qui encadrent et hermétisent la lecture des œuvres, laissant libre cours à une réception plus sensible des onze univers poétiques et esthétiques proposés.

 

QUELQUES MOTS SUR LES COMMISSAIRES

Geneviève Thibault aborde la question de l’altérité à travers l’observation de la vie quotidienne et des espaces privés qu’elle visite à l’improviste. Avec une approche ethnologique, la photographie est le pivot de sa pratique à partir duquel se déploient différentes stratégies narratives.

Emmanuel Guy s’intéresse aux origines et aux transformations. Il étudie l’évolution de la production matérielle. Empruntant les techniques de l’ébénisterie traditionnelle, il crée des objets portables et des sculptures qu’il invite à expérimenter par des procédés performatifs.

 

QUELQUES MOTS SUR LES ŒUVRES ET LES ARTISTES

Jean-Marie Benoit

Présentation de l'œuvre

L’homme a oublié que ses rêves lui permettaient jadis de communiquer avec la Nature. Dans les mousses du temps, transformées en paysage artificiels, le lièvre creuse son terrier. L’homme a façonné le territoire, il a transformé tout ce qui nous entoure. Face à la disparition des écosystèmes et au déclin de la biodiversité, le lièvre se donne à voir comme le témoin d’une pressante nécessitée à changer le cours des choses.

En brouillant les pistes, l'artiste cherche des alternatives à notre fuite vers l’avant. Lieu de passage et de transition, entre deux mondes, il propose au visiteur de se laisser guider par le lièvre. L’animal ne connait pas les frontières, il suit son instinct. Bien souvent à notre insu, nous suivons des pistes inconscientes déjà tracées. Devant l’inconnu, déstabilisés, sans nos repères habituels, nous devons apprivoiser d’autres langages, déconstruire nos acquis pour autrement les agencer. Dans l’inachèvement du monde, des territoires oubliés restent encore à explorer!

Démarche

Comme illustrateur, Jean-Marie Benoit a d’abord cherché à traduire en images les mots de ceux qui pensent pour nous le monde. Ayant parallèlement poursuivi ses explorations picturales,  notamment en gravure, il a abandonné le métier d’illustrateur pour la peinture. Ses images se  sont transformées et la notion de temps a changé. Le travail d’atelier est maintenant un espace de réflexion, où se recomposent à l’infini les paysages qu'il explore.

La toile est un lieu de mémoire. Les éléments s’y entremêlent dans ce qui n’est plus tout à fait un paysage. En déployant des procédés qui lui permettent de voir les choses en transparence, Jean-Marie Benoit s’intéresse à l’objet qui résulte de ces superpositions intuitives. Organisant l’espace autour de dispositifs pour évoquer ce qui se cache au-delà du visible, il explore les traces du passé et cherche à donner forme à ces impressions fugaces qui nous font parfois douter de ce que nous considérons comme réel.


 

Guillaume Dufour Morin

Présentation de l'œuvre

Avec la participation de : Alice Bergeron, Joannie De Grasse Verreault et Patrick Gerbeau-De Lanauze, Josée Desjardins, Emmanuel Guy, Lenine Nankassa Boucal, Léonie Therrien-Tremblay et Geneviève Thibault.

La pandémie a mis en péril ce que nous avons bâti, ébranlant nos repères comme nos espoirs. Les croix de chemins nous rappellent à ces ancrages, aux héritages que nous croyons laisser. N’en tiendrait-il pas à nous de les réinventer ? 

L’ensemble des actions qui figurent dans cette vidéo d’art sont performées par des personnes résidentes au Bas-Saint-Laurent devant des croix de chemin situées principalement sur ce territoire. Celles-ci se sont engagées dans un processus ayant pour aboutissement les actions réalisées devant les croix de chemin qu’elles ont retenues.

Démarche

Par des processus relationnels, contextuels et interdisciplinaires, Guillaume Dufour Morin se concentre sur les héritages sociaux des imaginaires de la pureté et leur réinterprétation. Elle intègre les patrimoines réinterprétés par des détournements manoeuvriés et infiltrants. Engagée et parodique, elle donne lieu à une multiplication de structures collaboratives valorisant la participation citoyenne et l'intégration de l'œuvre dans le tissu social in situ, autant en contexte rural, urbain, domestique ou institutionnel. Sa démarche critique les paramètres conventionnels de l'art et l'hégémonie néolibérale, deux formes d'aseptisation qu'il confronte par ses œuvres. L'artiste est : PDG de l'entreprise Legal Human Trafficking Goods And Services TM, fondateur de la Cathédrale de demain, directeur d'une variété d'escouades.


 

Josée Desjardins

Présentation de l'œuvre

Élévation est une œuvre créée à partir de la chaise berçante de la mère de l’artiste, décédée en 2018 à l’âge vénérable de 93 ans. Dans son histoire personnelle, la chaise berçante occupe une place centrale qui incarne l’ennui et une certaine forme de paralysie, voire de dépression. Josée Desjardins est la dernière d’une longue lignée de femmes qui ont bercé leurs peines et leurs frustrations, dans ce mouvement de va-et-vient, pour ne pas sentir la folie aliénante qui guette. La déconstruction de cette chaise vise non seulement à libérer symboliquement sa mère, mais également à faire tomber les cloisons du carcan systémique de l’enfermement transgénérationnel de ses filiations maternelles. Son intention par la réalisation de cette nouvelle pièce est de produire une œuvre féministe qui permet de voir et d’entendre les effets mortifères du patriarcat, de proposer des voies de passages, d’ouvrir des dialogues et d’abattre les plafonds de verres.

Démarche

Depuis 2016, Josée Desjardins s’intéresse au potentiel de transformation inscrit dans des rituels de déconstruction/construction d’objets spécifiques. En s'appuyant sur l’allégorie alchimique qui suppose une mutuelle délivrance de la matière et de l’esprit par la réalisation de l’œuvre, elle fait l’hypothèse qu’il y a dans l’acte de démantèlement et de re-création, une force de renouvellement où le sujet concerné par l’objet peut devenir créateur de son histoire et de sa vie. Cette conversion alchimique symbolise alors la libération d’un certain poids du passé.


 

Élise Dubé

Présentation de l'œuvre

Dans des panneaux de contreplaqué, Élise Dubé usine des motifs aléatoires avec des outils oscillants ou rotatifs. Elle masque le pourtour de ruban, puis roule un apprêt à la surface. Sur le blanc séché, elle déline en gris perle les signes d’images figuratives avec pour modèles des photos prises en confinement. Elles montrent, de l’intérieur, des espaces habités en perspective. L'artiste y tronque figés : meubles, récipients, végétaux, pans ou fenêtres. Elle enlumine peu à peu l’ébauche par itération de traits de couleurs analogues. Dans le cerceau d’une lampe-loupe, Élise Dubé plonge le regard contre le bois et comble ses stries à la mine. Immergée, elle confond les nuances dans les sillons de matière ligneuse. Sur les amas crayonnés, elle préserve la lumière ou stratifie les ombres. Tandis que plusieurs sujets se prolongent à l’extérieur des images, certains à l’aspect de métal, d’albâtre ou de verre chatoient des reflets : l'artiste instille l’idée que hors-champ, la vie se poursuit ailleurs. Les limites de la sphère intime s’y trouvent évoquées.

Démarche

Cette nouvelle pratique du dessin sur bois s’est sédimentée dans le quotidien d'Élise Dubé lors d’une quarantaine au retour d’Argentine en mars 2020. En confinement, elle cumule quelques expérimentations, tout à fait différentes de ce qu'elle produit depuis 2011. Le façonnement de la fibre et la répétition manuelle typique du textile qu'elle retrouve en crayonnant les nuances ressemblent aux aspects inhérents à sa démarche d’avant la pandémie. En temps « normal », elle invite souvent le public à contribuer à ses installations. L’isolement la guide donc vers une approche intime, intuitive et figurative. Prise en vase clos, l'artiste surmonte la solitude par l’esprit et le travail, sans chercher à la fuir. Prendre part à ce collectif devient alors un acte absolu de décloisonnement.


 

Isabelle Falardeau

Présentation de l'œuvre

La notion de limite est celle qui nous intéresse ici et le choix du terme « balise » semble propice à la réflexion sur ce qui empêche, mais aussi ce qui permet de faire. Cet ensemble sculptural est composé principalement d’assemblages de bois de charpente brut et de photographies surexposées imprimées sur contreplaqués peint. Récupérant certains codes esthétiques liés au domaine de la construction, comme les matériaux, les couleurs, les formes ou les images, on y décloisonne les médiums pour les imbriquer ou les mettre en dialogue. Ainsi les paysages de cônes provenant de chantiers urbains sur les photos, les cloisons rappelant nos chantiers domestique, les éléments arborant une coloration orange fluorescent ou encore les morceaux de bois placés en diagonale, suggèrent tous des barrières dont on peut remettre en question la légitimité.  La balise limite, mais offre aussi la possibilité de travailler avec un espace défini. Lorsque la cloison s’érige, le passage se fraie et tous deux incitent au déplacement, celui-ci permettant de s’approprier objets, images et espace construit. Les barrières qui nous sont présentées jouent sur notre perception du lieu, de l’interdit, du permis et orientent nos comportements. Se questionner sur les marches à suivre est donc nécessaire.

Démarche

Les photos et structures que Isabelle Falardeau réalise évoquent plus qu’elles ne décrivent, elles sont souvent ambigües. Elles racontent le geste, le temps écoulé pour l’exposition en prise de vue, la surexposition, l’effacement… Le temps aussi pour construire, fabriquer, échafauder, au cours duquel l'artiste rétablit un lien physique avec son travail. Véritable chantier d’essais-erreurs où la construction et l’assemblage de structures en bois s’entrecroisent d’opérations de déplacements et de dispositions dans l’espace, elle y explore instinctivement le rapport que le corps entretient avec le matériau et l’image. Dans son travail, la photographie et la sculpture parlent l’une de l’autre. Elles sont liées par le déplacement du corps qui consent un point de vue et exploitent les dualités intérieur/extérieur, passage/cloison, révéler/voiler. L'artiste se penche ainsi sur la notion de construit et questionne le matériau en tant que paysage dans sa pratique qui se déploie à travers la spatialisation de l’image et l’objet.


 

Karine Locatelli

Présentation de l'œuvre

Décloisonner/ Fragmenter est une œuvre installative questionnant l’espace de travail en plein air et en atelier,  en mobilité et en arrêt. Oscillant entre l’abstraction et la figuration l’œuvre consiste en une représentation paysagiste fragmentée qui se déploie jusqu’au sol où des pierres et des gravures sur contreplaqué russe sont déposées au pied du dessin. Les images gravées présentent une composition fragmentée et décontextualisée en harmonie avec le dessin sur toile. Inspirée par un voyage en voilier entre la Basse-Côte-Nord, le Bas-Saint-Laurent et Charlevoix l’œuvre de Karine Locatelli transpose en dessin ces images dessinées de mémoire, rappelant ainsi le caractère furtif et insaisissable que la mer lui suggère. Le voilier est, pour elle, l’ultime mode de transport et habitat illustrant un mode de vie en décloisonnement et en cloisonnement. Celui-ci offre un petit habitacle et une promiscuité entre passager et en opposition, offre un accès extrêmement privilégié au territoire.

Démarche

Le travail de Karine Locatelli concerne principalement la représentation paysagiste en dessin à l’encre de Chine appliquée à plume sur une toile brute. Elle cherche à y amener un caractère multidisciplinaire en ajoutant une dimension installative ou encore en combinant le dessin à d’autres techniques comme la sculpture, la céramique, la broderie ou la peinture. Tout en évitant le pittoresque, l’artiste souhaite que ses oeuvres fassent écho à la poésie des lieux comme à des enjeux complexes concernant la politique, la sociologie, l’environnement, la géographie et notre rapport au territoire. Elle tente de réactualiser de façon contemporaine la tradition pleinairiste propre à la région de Charlevoix. Dessiner sur le motif est une étape essentielle pour bien saisir un moment et entretenir un rapport affectif et sincère avec son environnement. La pêche, la randonnée, la cueillette et la voile sont une façon d'avoir un rapport sensible avec la nature pour ensuite parvenir à la représenter. 


 

Geneviève Marois-Lefebvre

Présentation de l'œuvre

Durant le premier confinement de 2020, une période anxiogène où l'artiste se nourrit avidement des récits de confinement d'inconnus glanés ici et là sur les réseaux sociaux, Geneviève Marois-Lefebvre réalise qu'elle a besoin de mesurer l'ampleur de la détresse collective afin de diminuer son sentiment de solitude. Ces trois œuvres évoquent le brouillage des frontières entre l'intérieur et l'extérieur; soi et les autres, inspiré par une expérience de confinement marquée par l'apport des nouvelles technologies. Celles-ci nous ont permis de dépasser les limites de nos quatres murs afin d'y faire entrer toutes les sphères de nos vies : le travail, l'école, les rencontres sociales, le magasinage, etc. C'est donc à travers nos écrans que ce décloisonnement s'est produit, nous enfermant paradoxalement dans une dépendance grandissante vis-à-vis de ceux-ci. Ces œuvres évoquent des récits fragmentaires : des scènes inconfortables, anxiogènes et fictives mais pourtant si peu éloignées de la réalité, comme si le réel glissait lentement vers la fiction, l'étrange, l'inconnu, l'abstrait.

Démarche

Geneviève Marois-Lefebvre s’intéresse à la subjectivité dans l'expérience du réel ainsi qu'au rôle du récit dans les rapports humains, dans la construction de l’identité et de la mémoire. Elle perçois l'acte de raconter comme un antidote à la solitude humaine puisque le récit permet de tisser des liens à travers des expériences de vie à la fois totalement différentes et étrangement similaires. L'artiste s'intéresse particulièrement aux zones de rencontre entre le réel et l'imaginé; entre le beau et le laid. L'apport de l'imprévu et de l'erreur dans le processus de création, lui permettent de travailler régulièrement à partir de collectes, d'images, d'environnements ou d'outils qu'elle contrôle peu. Son attirance pour les images lo-fi se traduit par la production d'images obscures, floues, mal cadrées ou brouillées; des images qui révèlent autant qu'elles dissimulent.


 

Marie-Sophie Picard

Présentation de l'œuvre

Phainein est une série de collages composée de 21 images qui interroge la difficulté à maintenir son élan vital. Racine du mot fantôme, Phainein vient du grec et signifie : faire briller, faire voir, paraître. Marie-Sophie Picard commence cette série en juin 2020 pour la terminer en novembre de la même année. Tous les jours elle y travaille. Malgré qu'elle connaisse les rouages et la mécanique de sa pratique sur le bout des doigts, sortir de l’ombre ce qui la hante demande du temps. Phainein raconte l’histoire qui la lie à sa pratique. C’est par manque de mots pour s’exprimer que Marie-Sophie Picard se met au collage. Elle avait 13 ans. D’image en image, elle élabore une grammaire, crée un dictionnaire. Les années font en sorte que l'artiste peaufine sa façon de dire. Dans le cadre de l’exposition Dé/cloisonner, Phainein se présente sous forme de vidéo. La projection montre une séance de défilement de diapositives au cours de laquelle on découvre la série complète. Une vidéo filmée à l’endroit même où elle est projetée dans le cadre de cette exposition, une forme de mise en abyme qui remonte l’histoire de l’œuvre exposée.

Démarche

Avant 2010, la démarche artistique de Marie-Sophie Picard a l’allure d’une habitude de vie. Elle pratique le collage, la photographie, la performance la musique et l’écriture de la même façon que qu'elle fait du vélo, de la marche ou de la cuisine, soit sans trop se poser de question. Les récurrences de certains gestes, la spontanéité de sa manière de faire, la fluidité de ses actions et l’esthétique de ses mouvements lui apparaissaient comme des traits de caractère, une marque de commerce. À la lecture de L’œil et l’esprit de Maurice Merleau-Ponty, son regard s'élargit jusqu’à se contenir lui-même. Aujourd’hui, la démarche de l'artiste s’apparente à une recherche phénoménologique. Le travail de Marie-Sophie Picard est marqué par l’aspect conceptuel et procédural qu’il contient. Ce qui l’intéresse de l’œuvre d’art ce n’est pas l’objet fini, mais plutôt le chemin emprunté pour s’y rendre.


 

Olivier Roberge

Présentation de l'œuvre

Avec l'œuvre Let It Grow, Olivier Roberge se questionne sur la perception de se sentir séparé de la nature. Le graffiti présenté sur le rocher nous donne la sensation que la nature nous interpelle. En réalité, il intègre l'humain au monde naturel et met en relief la singularité de son espèce. En effet, d'entre toutes les espèces vivantes, lui seul semble questionner le monde et chercher à donner du sens à son existence. Cette particularité lui donne l'illusion d'être séparé de ce qui l'entoure, mais en réalité, quand un humain dit « je t'aime », c'est la nature qui s'exprime à travers lui ; c'est la nature qui ressent. La décision d'intégrer le diorama à l'intérieur du mur symbolise quant à elle, la nécessité de décloisonner, de mettre en contact, de créer des brèches afin de nous mettre en relation avec le monde.

Démarche

Olivier Roberge réalise des paysages miniatures par lesquels il donne forme à des mondes poétiques où se rencontrent nature bucolique et technologie ; imaginaire et lucidité ; passé, présent et futur. Tentant d’unifier ce qui semble a priori séparé, ses œuvres matérialisent un travail de l’(in)compatibilité tant dans la forme que dans le propos. Ainsi, il investit la sculpture, l'installation ou la photographie, ses œuvres questionnent notre relation à la nature et notre compréhension du monde.


 

Bruno Santerre

Présentation de l'œuvre

Au cours de la dernière année, Bruno Santerre amorce la réalisation de carnets où il expérimente les combinaisons possibles d’un nombre limité d’éléments dans une pratique régulière du dessin. Ces signes, qui pourront rappeler à certains des planètes en orbite, à d’autres l’œil humain ou encore le viseur de la caméra, ont ainsi constitué petit à petit une sorte de journal visuel. Il y explore les possibilités infinies de ces quelques signes en faisant appel à ses capacités à dessiner d’une manière assidue, sans autre contrainte, pour le plaisir.

Au fil du temps, s’est constitué un flip book au ralenti. En effet, lorsque nous tournons les pages du carnet, nous créons une séquence où les éléments du dessin semblent bouger, gravitant lentement les uns autour des autres et donnant l’impression de vouloir s’échapper d’un espace apparemment clos. Un espace qui rappelle une pièce de maison avec ses fenêtres et puits de lumière et qui est en fait une représentation schématique d’une partie de l'atelier de l'artiste. Cet atelier transparent, précisément, où l’intérieur et l’extérieur se confondent, où l’objet et le signe se fondent un dans l’autre, tous liés entre eux par la lumière qui les traverse.

Démarche

Convoquer le visiteur à entrer conceptuellement dans son atelier est dorénavant une intention première dans les projets de Bruno Santerre. Cet atelier devient de plus en plus nomade, il n’a ni intérieur ni extérieur, il est transparent, décentré et il se transforme en fonction des lieux où il se trouve. Il y convie le regardeur à participer aux recherches et découvertes qui l’orientent dans son parcours. En plus de brouiller les limites entre l'espace privé qu'est l'atelier et l'espace public de la salle d’exposition, Bruno Santerre instaure une relation d'échange entre ces deux lieux, des signes se déplaçant d'un espace à l'autre, rappelant le caractère tout autant instable qu'in-finissable de ses propositions plastiques. L'artiste installe des signes et indices dans un espace insondable où il n’y a ni centre, ni périphérie. Il n’y a plus de point de vue privilégié où tout converge, mais plutôt des points qui gravitent l'un par rapport à l'autre et qui, à certains moments, se superposent. Nous entrons alors dans un espace de spéculation et d’expérimentation, passant de l’ombre à la lumière, entre trous noirs, éclipses et éblouissements.


 

Léonie Therrien-Tremblay

Présentation de l'œuvre

Watche #7, extraite de la série Watche, est inspirée d’une documentation photographique de caches de chasse sur le territoire près de la Réserve faunique de Matane. Ces tableaux marquent le début d’une recherche formelle orientée vers l’aspect sculptural unique de chaque watche rencontrée en réinterprétant une œuvre architecturale anonyme, qui au départ avait une finalité pratique. Ce tableau à l’huile dans lequel Léonie Therrien-Tremblay utilise la technique du pochoir et la peinture aérosol, illustre les symboles du mur de défense et du mirador dans un paysage hivernal. En haut, le ciel s’ouvre, la neige blanche suggère un lieu peu contaminé, si ce n’est qu’il est occupé par l’humain et sa construction vernaculaire. Elle utilise la composition centrée typique du genre pictural du portrait. Le paysage et le mirador partiellement occultés, le spectateur imagine qui, où et quoi se cache derrière. Déjà, dans sa lecture la plus fondamentale se retrouve la polarité suggérée dans le terme choisi par les commissaires.

Démarche

Dans ses images post-punk naturalistes, Léonie Therrien-Tremblay utilise autant des techniques brutes et rapides, telles le pochoir ou le dessin, que des méthodes lentes, comme la peinture à l’huile sur canevas. Parfois, l’impression au jet d’encre lui permet d’intervenir manuellement par la peinture numérique. Ses esquisses passent des étapes de retraçages multiples, entre supports matériel et numérique, où les couches et les transformations se succèdent. Elle peut renverser ces étapes et accumuler les réinterprétations avant d’arriver au résultat final. À d’autres occasions, elle utilise la technique du quadrillage. Inspirée de sources photographiques, de la culture populaire et de sa mémoire, les tableaux de grands formats sont souvent privilégiés. Les espaces urbains et naturels et leurs contrastes exercent chez elle une fascination pour la ligne fuyante et répétée.


 

Biographie

Jean-Marie Benoit

Né en 1965. Originaire de la Montérégie, Jean-Marie Benoit vit et travaille à Rimouski. Il a fait ses débuts comme illustrateur, publiant dans de nombreux magazines. Fasciné depuis toujours par la Nature, qui lui inspire formes et couleurs, c’est maintenant par la peinture qu’il cherche à comprendre le monde.


 

Guillaume Dufour Morin

Guillaume Dufour Morin est artiste et auteur en arts visuels dont la pratique interdisciplinaire allie principalement l’art action à la création littéraire conceptuelle. Ses réalisations se déploient dans des festivals, des publications, des résidences d’artiste, des espaces publics au Québec et à l’international. Il est également commissaire indépendant et formateur en art performance.


 

Josée Desjardins

Née à Hull en 1963. Artiste métissée entre métier d’art et art visuel, le travail de Josée Desjardins mélange la joaillerie, la sculpture, la performance, la vidéo, le collage et l’art action. L’intimité et le dévoilement soutiennent une démarche de plus de 35 ans, qui engagent son exploration créatrice dans une véritable quête de connaissance de soi et de l’autre. L’artiste habite Rimouski depuis 2011, elle a un penchant pour la co-création interdisciplinaire et adore travailler la nuit.


 

Élise Dubé

Née à Montmagny, Élise Dubé vit à Gaspé. Elle pratique la broderie et l'assemblage de fibres dans des œuvres bidimensionnelles ou des installations in situ. Titulaire d’un baccalauréat en beaux-arts de l’Université Concordia (Montréal), ses réalisations ont fait l’objet d’expositions individuelle et collectives présentées au Québec. Ayant travaillé comme médiatrice culturelle en art visuel, en théâtre et en chanson pendant une dizaine d’années, elle enseigne aujourd’hui les arts visuels au Cégep de la Gaspésie et des îles, Campus de Gaspé.


 

Isabelle Falardeau

Originaire de la région de Québec, Isabelle Falardeau poursuit une production personnelle en arts visuels au moyen de la photographie et de l’installation. Ses réflexions portent notamment sur le rapport au regard, au construit, à l’effacement et à l’espace. Actuellement candidate à la Maîtrise en arts visuels à l’école d’art de l’Université Laval, elle est aussi titulaire d’un baccalauréat en arts plastiques (2000) et d’un certificat de pédagogie pour l’enseignement collégial (2004). Ses œuvres ont été présentées entre autres lors de son exposition Assemblages (2016), dans les collectives EXOMARS (2019) à la Manif d’art 9 et Synchronicity (2020) au centre Takt Berlin / Leipzig. Récipiendaire du prix Oscar-Mercure-maîtrise 2020 décerné par le centre d’artistes Regart, elle y a aussi présenté son installation Construire, à l’hiver 2021. Actuellement en résidence pour le projet collectif Topographies 2 au centre VU photo de Québec qui sera publié en 2022, elle partage son temps de travail entre son atelier et sa tâche de professeure au département des arts du Cégep Limoilou.


 

Karine Locatelli

Native de Lévis, Karine Locatelli demeure dans la région de Charlevoix depuis 2013. Titulaire d'une maîtrise à l'Université du Québec à Chicoutimi, elle partage son temps entre des projets de création, de diffusion et de médiations culturelles. À travers la représentation paysagiste en dessin, elle poursuit la tradition pleinairiste de sa région. Elle realise des expositions collectives, solo, foires, et résidences de création au Québec, en Ontario et en France. Elle développe des projets valorisant la création en région, dont à Anticosti avec Résidence nomade. Ses œuvres se retrouvent dans des collections publiques et privées dont celle du Musée d'art contemporain de Baie-Saint-Paul, la Fondation David Suzuki, la Ville de Lévis, la MRC de Charlevoix et la Banque TD de Toronto.  


 

Geneviève Marois-Lefebvre

Originaire de Montréal et ayant grandi dans le Bas-St-Laurent, Geneviève Marois-Lefebvre vit et travaille maintenant à Frelighsburg. Ses projets Les Évènements (2015) et La surveillance du tranquille (2021) ont été soutenus par le Conseil des arts et lettres du Québec. Ses œuvres ont été présentées à plusieurs reprises lors de résidences, d'expositions et de projections publiques au Canada, en France, en Écosse, aux États-Unis et en Espagne.


 

Marie-Sophie Picard

Malgré que la pratique de collage de Marie-Sophie Picard remonte à son adolescence, elle accepte de se dire artiste depuis seulement quelques années. C’est le regard de l’autre sur son travail qui a ouvert cette perspective. C’est arrivé en 2010. Au premier appel de dossiers auquel elle a participé, son collage Remembering a été retenu pour l’exposition de la 34th Annual Juried Exibit de la National Collage Society. Elle a collaboré à divers magazines et elle a un faible pour l’affichage sauvage. Dé/cloisonner est l’occasion de s’exposer pour la première fois en galerie. Son atelier occupe le mur sud-est de la cuisine de son appartement.  Elle vit et travaille à Rimouski.


 

Olivier Roberge

Formé en ébénisterie artisanale, Olivier Roberge confectionne des paysages sculpturaux miniatures en employant une méthodologie tirée du savoir-faire des maquettistes pour ériger des mondes poétiques. Né à Québec en 1981, il vit et travaille désormais à Montréal. Roberge a participé à des expositions collectives à Québec au centre Materia (2019, 2016), à Regart, centre d'artiste en art actuel (2013), à l'Oeil de poisson (2017), au Musée national des beaux arts du Québec, (Fait main, 2018) ainsi que dans le contexte de la Foire en art actuel (2013), de la Manif d'art 8 (2017) et 9 (Galerie Michel Guimont, 2019). Il a également exposé à Montréal à Espace Projet (2011), à Circa art actuel (2017, 2018, 2019), à la Duran Mashaal Gallery (2017), au centre d'exposition de l'Université de Montréal en plus de participer à la Foire d'art contemporain de Saint-Lambert (2015, 2016, 2017), où il a remporté le prix du public (2016). Il a eu sa première exposition solo au centre d'exposition du Vieux presbytère de Saint-Bruno de Montarville (2019). Depuis 2019, il collabore avec la galerie Michel Guimont à Québec. Ses oeuvres font partie de collections privées et de celles de Desjardins et d'Affaires mondiales Canada.


 

Bruno Santerre

Le travail de Bruno Santerre a notamment été présenté au Musée d’art de Joliette, au Musée national des Beaux-arts du Québec et au Musée régional de Rimouski ainsi que dans de nombreuses galeries et centres d’artistes au Québec et ailleurs au Canada. Il a aussi été exposé en France, à la Villa Arson de Nice, à l’Université de Metz et à la Librairie du Québec à Paris. Récipiendaire en 2008 du Prix à la création artistique du CALQ et, en 2011, du Prix culturel rimouskois, sa pratique a été soutenue à plusieurs reprises par le CALQ et le CAC. Ses œuvres font partie de collections publiques et privées au Canada et il a réalisé une vingtaine d’œuvres d'intégration à l'architecture au Québec.


 

Léonie Therrien-Tremblay

Léonie Therrien-Tremblay est née en 1981. Elle a étudié les Beaux Arts à Concordia et au COFA à Sydney en Australie de 2008 à 2012. De 2011 à 2015, fut une période dédiée à l’assistanat dans l’atelier du peintre et architecte australien James Mcgrath, dans la lignée de Arthur Boyd. Elle a partagé les studios d’architectes et fréquenté le milieu artistique underground de Sydney. En 2015, elle revient en Matanie et se consacre à sa pratique artistique dans son atelier.


 

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